Histoire de la Monnaie
Les pages d’histoire de la monnaie de l’A.N.A…..un extrait d’Armor Numis !

Retour à l’accueil                         Deux bien curieuses monnaies révolutionnaires.

 
                       Edouard Alhéritière

 

 

 

 

 

 

 

La Révolution française fut une période troublée, y compris dans la fabrication des monnaies. On fit un peu n’importe quoi, comme en témoignent les deux monnaies présentées ici.

 

 

Quand une presse monétaire fonctionne normalement, la monnaie est éjectée après la frappe pour laisser la place au flan suivant. Il arrive que la monnaie reste collée à l’un des coins, soit parce que le système d’éjection a mal fonctionné, soit parce que le flan précédent ou les coins n’étaient pas parfaitement propres. Une monnaie incuse est donc le résultat d’un incident de fabrication.

Bien que généralement rares, les monnaies incuses se rencontrent plus fréquemment pendant la période révolutionnaire.

Déjà, on trouve de belles monnaies incuses parmi les royales, comme ce sol de Louis XVI frappé à Paris, incuse d’avers (photo 1).

Les incuses de revers sont beaucoup plus rares. Il faut que la monnaie  précédente soit restée collée au coin mobile, alors qu’en général, en cas de collage, elle l’est sur le coin fixe.

 

 

Photo n° 1

 

La cinq centimes présentée ici (photos 2 et 3) est une incuse de revers, qui plus est décentrée, et sur un flan de bord de lame. Elle a été frappée à Paris en l’an 5. La pauvre monnaie a accumulé bien des déboires ! Et malgré le flan coupé, elle est légèrement supérieure au poids théorique, puisqu’elle pèse 10,04g

 

 

Photos nos 2 et 3

La seconde monnaie est encore plus extraordinaire : un examen attentif montre qu’il s’agit d’une incuse d’avers d’un sol de Louis XVI (photo 4). Mais cette malheureuse royale incuse a été refrappée à Paris pour donner une cinq centimes, à son tour incuse de revers (photo 5). On ne peut pas lire la date avec certitude.

 

 

Photos nos 4 et 5

 

Ainsi cette monnaie présente une face incuse d’avers d’un sol de Louis XVI et une autre face incuse de revers d’une cinq centimes Dupré. Il s’agit d’une incuse hybride en quelque sorte ! Son poids est faible (7,83g). Hélas, l’usure et la mauvaise qualité de frappe ne permettent pas de voir les deux autres empreintes (face normale du sol et revers normal de la 5 centimes Dupré)

La probabilité a priori pour avoir un résultat pareil me paraît infinitésimale. Mais n’est-ce pas le lot de tous les événements de notre vie quotidienne ?

 

 

Avertissement. Quelques experts auto-proclamés ont prétendu que la dernière monnaie présentée était un faux moderne, fabriqué à l’aide d’un étau. Ces éminents experts ont-ils déjà seulement vu un étau, une presse ou un laminoir ? Moi, si.

Si on peut, à la rigueur, reproduire les inscriptions en creux à l’aide d’une monnaie originale (qui sera sacrifiée dans l’opération), je ne vois pas comment reproduire le flou de l’effigie incuse de la monnaie présentée, surtout avec un « étau ». Non, il s’agit bien d’un sol incus de Louis XVI, qui a beaucoup circulé avant de se faire refrapper en une cinq centimes, hélas ou tant mieux, incuse de revers.