photo ci-dessus Reprise de la photo (RV) du
site internet de L’A.N.A . (Association
Numismatique armoricaine)
UN NOUVEAU MONOGRAMME
POUR L’EPERVIER CISTAURIQUE !
Si le titre prête à confusion……Je vais vous
rassurer, nous n’allons pas parler des « Accipiter nisus ou brevipes » ou d’ornithologie.
C’est au troisième siècle avant notre ère
que je vous propose de vous amener pour parler de numismatique.
Pour ce faire nous allons survoler l’histoire indispensable
à cette époque quelque peu sombre, puis le volet numismatique me permettra de
vous amener à mon objectif, la découverte d’un nouveau monogramme !
Note : image
de Naumann, Naturgeschichte der
Vögel Mitteleuropas (Histoire naturelle des oiseaux d’Europe centrale )
1905, reprise de Wikipédia.
Introduction
La scène se déroule autour de la chaîne du
Taurus, mais principalement à l’ouest de celle-ci, qui sépare l’Anatolie ou
l’Asie Mineure des hautes satrapies
d’une part et de la Syrie, d’autre
part !
Si le titre est évocateur pour les
spécialistes des monnaies Séleucides, il faut bien entendre derrière ce
cognomen, Antiochos Hiérax (*), un
des souverains Séleucide controversé pour son rôle dans cette famille pour le
moins agitée.
La découverte d’un nouveau monogramme pose
inévitablement la question de son positionnement géographique et de sa place
dans la chronologie numismatique.
Pour répondre à cette problématique nous
allons survoler l’histoire et la
numismatique d’un souverain qui, dans une époque lointaine est resté une
énigme !
Le monnayage des séleucides à depuis
longtemps enthousiasmé nombre de numismates.
De Pellerin le premier à avoir attribué des monnaies à notre épervier,
en passant par jean Foy-Vaillant avec
son ouvrage :
Seleucidarum Imperium, sive Historia
Regum Syriae, ad Fidem Numismatum Accommodata,
Babelon
avec ses : Rois de Syrie,
Newell pour son ouvrage fondateur « the
coinage of the Western and Eastern Seleucid mints ».
Plus récemment Henri Seyrig ; Arthur
Houghton et Catharine Lorber qui ont
repris le travail de Newell ;
Morkhlom ; Georges Le Rider
et François de Callatay pour les principaux auteurs et chercheurs qui ont œuvrés depuis le travail considérable de Newell, laissant
désormais peu de place aux découvertes nouvelles.
Et pourtant, modestement, les rares
interstices restants peuvent nous aider à compléter, voir changer notre
compréhension de ce monde ancien.
La monnaie dont je vais vous parler et
que j’ai acquise à la vente de Gorny et
Mosch en octobre 2009 à attirée mon attention. En effet, dès lors que j’ai
essayé de confirmer l’attribution, je me suis aperçu qu’elle n’était pas
référencée dans les ouvrages indiqués. Poursuivant les recherches, je devais
bien admettre que les informations concernant cette monnaie, en particulier l’attribution
sur la base de Newell n’était pas envisageable telle quelle. Le manque de réponses pour les monogrammes de
cette période, du moins dans les manuels les plus importants de la numismatique
Séleucide, nous ramène aux questions de base : quel souverain, quel atelier ?
Je vous propose de poursuivre en découvrant
qui est notre épervier….
_____________________________________________________________________________________________________________________________
Antiochos Hiérax
¡ Fils cadet d’Antiochos II Théos et laodice
I
¡ Frère de Séleucos II kallinikos et Pogon
¡ Règne de 242 à 227, née vers 259 av.jc
¡ Origine de son nom: Justin (avidité)
Nous sommes bien dans la lignée des
Séleucides, et plus exactement à un moment crucial de l’existence de cette
famille.
Si il est relativement aisé d’attribuer un nom de
souverain à une monnaie, la plus part du temps il suffit de lire le titre,
Antioxoy, Séleuxoy. Les monnaies les plus récentes de cette série ont la
particularité d’avoir les dates exprimées en années de règne. La difficulté de
l’exercice, c’est l’attribution au bon « Antioxoy »… car d’une
manière quasi répétitive, si le père s’appelle
Séleucos et le grand père Antiochos, le premier fils s’appellera
Antiochos et le second Séleucos, il
suffit de rajouter quelques marâtres
pour que le puzzle soit délicat…
Je ne peux donc que vous conseiller de vous
pencher un minimum sur les affaires de famille. la littérature Numismatique et historique dans
ce domaine comme dans les autres qui touchent l’antiquité n’est pas totalement gratuite, mais d’une aide certaine.
Il s’agit donc du fils cadet de la première
femme d’Antiochos II Théos….Son nom n’est pas répertorié avec un chiffre, par
exemple Antiochos III et son cognomen
Théos… Ce qui pourrait laisser supposer qu’il s’agit peut être d’un
usurpateur ? Pour nous situer dans
le temps, on notera simplement que sa mort coïncide avec le séisme qui mit fin
au colosse de Rhodes.
Le tableau généalogique vous permettra de
distinguer les différents membres de la famille.
Antiochos Hiérax est un des princes de sang
royal héritier de la couronne mais après son frère aîné, Séleucos II
kallinikos*, Nous verrons plus tard dans le déroulement des événements
comment il est arrivé au pouvoir et quelle
à été sa légitimité ?
Dans Cet arbre généalogique, simplifié des
séleucides, vous remarquerez que le fondateur est un Séleucos, son fils Antiochos,
son petit fils Antiochos ! Hé oui il à bien eu un autre fils Séleucos qui
n’apparaît pas ici car décédé en 266,
son deuxième petit- fils s’appelle donc Antiochos II, ce dernier respectant la règle ancestrale à
appelé son premier fils Séleucos, son deuxième
Antiochos (Hiérax) etc.…
Le but du jeu étant de définir à quelle
génération appartient cet Antiochos, Séleucos….mais rien ne vous interdit de
consulter les manuels de recensements des monnaies pour éviter cette
gymnastique, le dernier ouvrage à ce sujet sur les monnaies Séleucides en 4 forts
volumes écrits par Houghton et Lorber pour les 2 premiers tomes plus
Hoover pour les 2 suivants **.
Du coté des femmes, les Séleucides comme
les Lagides ont utilisés la politique familiale en politique tout court. La
polygamie permettant de marier une sœur, une fille, voir remarier une mère à un
roi tributaire, ou à une famille concurrente afin de sceller un traité de paix par exemple. C’est le cas de
Bérénice, sœur de Ptolémée III, la deuxième femme du père d’Antiochos Hiérax
(Antiochos II Théos) qui sera assassinée par son frère Séleucos ainsi que son
jeune fils, un autre Antiochos. Cet assassinat ayant d’ailleurs failli
retourner les alliances nous dit Justin.
Notes :
Voir les Rois de Syrie de E.
Babelon ; L’histoire des Séleucides par Bouché-Leclercq, ou Le pouvoir
Séleucide de Laurent Capdetrey pour plus
de détails sur la généalogie des Séleucides.
*,
le beau Vainqueur
**, Houghton-Lorber: SELEUCID COINS, A COMPREHENSIVE CATALOG.
________________________________________________________________________________
Histoire
¡ Deuxième
moitié du 3ème siècle…………………………
¡ L’héritage
d’ Alexandre le grand……………………..
§ Guerres
des Séleucide et des Ptolémée………
§ Famille
des Séleucide et le territoire………….
¡ Guerres Fratricide…………………………………………….…
¡ Entre deux guerres Puniques / Romains………..…
Le contexte historique s’inscrit dans l’héritage
d’Alexandre Legrand. Ses généraux se sont partagés les territoires, et ont
depuis sa disparition engagés des guerres pour agrandir leurs possessions.
C’est une période de troubles, qui ne simplifie
pas la classification des ateliers monétaires. Tantôt une ville est conquise
par les lagides, puis reprise par un séleucide et enfin reconquise par un autre
séleucide, voir dans certains cas par Pergame…
La grande instabilité de cette période, celle
de notre oiseau est singulièrement rendue complexe du fait des guerres
fratricides entre Séleucos et Antiochos, je veux dire respectivement Kallinicos
et Hiérax.
Le père de nos frères ennemis, Antiochos II
Théos, ayant passé le plus clair de son temps à reconquérir des territoires
contre un Lagide* du nom de Ptolémée II Philadelphos, le beau-père de la deuxième femme de son fils
Séleucos, Bérénice Syra, et donc la marâtre du frère de Hiérax.
La continuation de ces guerres à été assurée
par les frères ennemis, qui n’ont pas eut à faire aux Romains en direct, mais
bien plus tard à un allié de ces derniers : Pergame.
Notes :
*,
celui qui aime sa sœur (Arsinoé II)
Petite Chronologie (sources : E. Babelon, Bouché-Leclerc ; A. Houghton)
La chronologie reste un exercice difficile,
les dates glissent entre les différents auteurs, j’ai choisi pour ma part de
suivre Bouché Leclerc et de corriger ou de
compléter avec les dernières informations disponibles.
Années
av. JC. Age A.H. Evénements
259 0 (vers) naissance d’Antiochos Hiérax
246 13 Mort d’Antiochos II, prise du pouvoir pas Séleucos II
246-244 13/15 Guerre entre Ptolémée III Evergète et Séleucos II kallinikos
239 20 Combat entre Séleucos II et Antiochos Hiérax, Mithridate
II de Pont et les Galates infligent une défaire à Séleucos II
sur
leur territoire auprès d’Ancyre
238/235 21/24 Séleucos II assiégé par Ptolémée à Antioche demande l’aide de
Son frère A. Hiérax et lui offre l’Asie
mineure jusqu’au Taurus.
Une
trêve de 10 ans est conclue entre Ptolémée et Séleucos
236/234 23/25 Séleucos reprends Antioche, envahit l’Asie Mineure pour punir son frère A. Hiérax, qui ce dernier est aux prises avec
les Galates.
Ptolémée
vient à son secours et l’emporte sur son frère Séleucos II.
230 29 A. Hiérax épouse la sœur du Roi de
Bithynie Prusias I
230 29 A. H. attaque Pergame, il encaisse une série de défaites par Attale et
Séleucos II, à Pergame; en Phrygie et à Koloe en Lydie et
en
Carie. Chassé d’Asie Mineure
par Attale, A. Hiérax se réfugie en Cappadoce, puis en Arménie et enfin demande
du secours à
Ariamnès
Roi de Cappadoce qui lui tend un piège que A.H. déjoue. Il se réfugie en Asie
Mineure, poursuivi par son frère jusqu’en Lydie !
227 32 A. Hiérax prisonnier des troupes Lagides, s’échappe et fuit en Thrace
puis est assassiné par des galates.
Il faut noter certaines dates importantes, celle de
-246 qui scelle pour les séleucides et
les lagides le début d’une nouvelle histoire, celle des alliances, et des
frères ennemis. -238 probablement une offre de corégence entre les deux frères
qui octroie les possessions Séleucides d’Anatolie à Antiochos Hiérax. -230/227
c’est le début et la fin pour Antiochos
Hiérax, il va perdre ses combats contre son frère et ses alliées, c’est aussi
la période qui nous intéresse pour notre monnaie.
Les
Alliés ennemis
¡ Les Lagides
▪
Ptolémée
II philadelphe (283-246)
▪
Ptolémée
III évergète (246-222)
▪
Bérénice,
marâtre de Séleucos II, deuxième femme
d’Antiochos,
sœur
de Ptolémée, assassinée par Séleucos.
¡ Royaume de Cappadoce
▪
Ariarathe
III (255-220)
¡ Royaume de Pergame
▪
Attale
I sôter (241-197)
Les alliés d’un jour, ennemis du lendemain,
ou l’art de la traîtrise poussé à son paroxysme, entre les séleucides, ses
voisins et sa famille. La source de ces problèmes est la convoitise par Les
Lagides et les Séleucides de la Syrie Coélé et l’Anatolie/ Asie mineure séparée par le
Taurus du Moyen-Orient et de la
lointaine Asie, au-delà du Qara-Qoum, celle de Bactres et de Taxila qui ces dernières à l’exemple d’Alexandre Le Grand seront
investies par les Séleucides .
Ptolémée II Philadelphe disparaîtra en même
temps qu’Antiochos II Théos laissant la
place à Ptolémée III Evergète.
Le royaume de Cappadoce jouera un rôle
trouble, à la fois amis et traître d’Antiochos Hiérax, le roi Ariarahe ayant
été pris pour le beau père d’Antiochos Hiérax, mais à tort.
Pergame : le roi Attale sera le catalyseur de la fin
D’Antiochos.
La rapacité d’Antiochos Hiérax, voulant
tout prendre à son frère fût le plus fort moteur de leurs chutes. Pour réussir
les guerres fratricides chacun des belligérants embauchèrent des mercenaires,
en particulier les Galates, tribus celtiques d’Anatolie et peut être
également des Volsques Tectosages que
l’on retrouvera dans la région des Pyrénées proche de Toulouse. Ces galates ont
été à la source d’une sérieuse inquiétude pour Antiochos qui a dû faire face à
leurs revendications monétaires…
Carte de géographie n°1 : Empire
Séleucide, extrait De L'Atlas
historique de William R. Shepherd, 1923. (The University of Texas at Austin)
modifications (RV)
La pomme des Hespérides…
¡
La reconstitution des frontières des empires lagides
et séleucides sous Alexandre Le grand
§ Syrie Coelé
§ Asie Mineure
§ Hautes satrapies
La reconquête des frontières anciennes de l’empire
d’Alexandre devient une ambition permanente des lagides et des Séleucides. Ces
derniers se réservant la part du lion.
Comme vous allez le voir la géographie au
plus fort de la grandeur des séleucides recouvre la majeure partie de l’empire
d’Alexandre.
Les points de friction avec les Lagides
sont que trop évidents, la Syrie Coélée, la domination Maritime et donc les
ports d’Asie Mineure.
Les hautes satrapies sont un autre problème
pour les Séleucides. Les Indiens, les groupes nomades scythes , les Sases, les
Yue-Tche…qui tentent de ravir la Drangiane ; Margiane ; la Gédrosie,
l’Arachosie ; toutes ces
contrées situées au-delà et en deçà de l’Indus et du Tarim.
Dans le cas qui nous intéresse, la
problématique Lagide reste la principale préoccupation, même si les forces
Séleucides peuvent être occupées par ailleurs.
La Syrie Coélé correspond au sud du pays,
la partie qui s’étend de l’Egypte à Byblos (la vallée de la Bekaa au Liban),
cette géographie est stratégique pour les deux partis. La Syrie Coélé ne correspond
pas à la région romaine qui la partagea entre Syrie Coélé et Syrie
Phénicie. Cette zone bien qu’importante ne nous intéressera pas dans le
feuilleton des frères ennemis.
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La Numismatique au temps d’Antiochos Hiérax
¡ Les ateliers Monétaires……
¡ Les types Monétaires……….
¡ La physionomie……………………
¡ Les confusions possibles…
¡ Le nouveau Monogramme
Nous allons désormais aborder le fond du sujet
en parcourant le monde numismatique de cette époque.
Carte
de géographie n°2: Asie mineure atelier
de Sardes, par Keith Johnstone, modifications (RV)
Les ateliers monétaires
sous Antiochos Hiérax
Les ateliers monétaires d’Antiochos Hiérax
sont situés dans une zone très restreinte comme vous allez le voir :
Selon Newell
TARSUS (CILICIE) ; SARDES
(LYDIE) ; MAGNESIE DU SIPYLE
(LYDIE) ; PHOCEE (IONIE) ; LAMPSAQUE (MYSIE) ; ABYDOS
(TROAS) ; ALEXANDRIA
(TROADE) ; SCEPSIS (TROADE) ; SIGEUM (TROADE) ;
LYSIMACHIA (THRACE)
Selon Houghton Lorber
Il
faut ajouter :
Laodicée sur le Lycus (Phrygie) ;
Parium (Troade) ; Ilium (Troade) ; Elaea (Eolide) ; Aegea
(Eolide) ; Temnus (Eolide) ; Smyrna (Ionie) ; Teos
(Ionie) ; Tralles (Lydie) ; Eπo (Phrygie) ; Magnésie du Méandre
(Ionie).
Il
faut retirer : Tarsus
(Cilicie) ; Magnésie du Sipyle (Lydie) ; Sigeum (Troade) ;
Les ateliers monétaires d’Antiochos Hiérax
sont exclusivement dans la partie ouest de l’Anatolie, centrés sur la Lydie
et la Troade. Assez curieusement
certaines cités phares tel que Ephèse n’ont pas été investies par Antiochos
Hiérax, Bien que son père fût décédé et enterré dans cette cité, Ptolémée III à
aussitôt réinvesti les lieux vers 245, un an après le décès selon l’inscription
de Miletus (Newell, WSM 293) .
Il faudra attendre Antiochos III vers 197 pour le retour de
cette cité dans le giron des Séleucides. L’Asie Mineure, n’est donc pas un
terrain totalement conquis sous les séleucides et principalement sous Hiérax,
il faut compter avec les lagides.
Plusieurs
points sont soulevés par Arthur
Houghton et Catharine Lorber dans
l’ouvrage «Seleucid coins… » :
-
Les
ateliers qui produisaient des monnaies pour Séleucos II ont brutalement cessés
dès lors qu’Antiochos à pris possession de l’Asie mineure.
-
Il
n’existe pas de monnaies de Bronze d’Antiochos Hiérax, probablement que ceux de
Sardes d’Antiochos II ont servis pendant cette période.
-
Seulement
2 statères d’or au nom d’Alexandre ont été identifiés à A. Hiérax frappés à
Lampsaque et Alexandria de Troade. L’essentiel du monnayage est donc constitué
de Tétradrachmes d’argent.
Carte
de géographie n°3: Asie mineure atelier
de Sardes, par Keith Johnstone, modifications (RV)
SARDES
Au-dessus de sardes s’élève le Tmolos nous
dit Strabon (Livre XIII ch IV) de cette montagne sort le Pactole qui rendit
cette région célèbre à travers les âges.
Dans l’organisation administrative du
territoire Séleucide, des capitales royales, régionales se dégagent pour de
grands territoires. Séleucie du Tigre la première capitale Séleucide, puis
Antioche sur l’Oronte ; Séleucie de Piérie et Laodicée-sur-mer sont la
Tétra pôle du pouvoir Séleucide.
Les autres régions ont leurs capitales,
Suse, Bactres…mais le cas de Sardes capitale des provinces cistauriques nous
dit Henri Seyrig, est particulier. Cité Mythique, cité des Rois, de la création
de la monnaie, de Crésus… cette cité à du magique pour des conquérants tel que
les Séleucides ! C’est le lieu de résidence du pouvoir Royal, le principal
atelier monétaire d’Asie mineure. Ephèse sera également un lieu de résidence
Royal sous Antiochos II Théos.
« Sardes, the historic capital of Asia Minor,
becomes a numismatic enigma *»
Sardes est une place très controversée du
point de vue de la production des monnaies. Désormais il faut réattribuer
nombre de tétradrachmes à des cités comme Smyrne, Laodicée sur le Lycos, des
ateliers de Phrygie. Sardes est sous Antiochos Hiérax, la dernière grande cité
émettrice de tétradrachmes avant sa fuite.
Notes : *
Houghton/Lorber , Part 1, Volume 1, p292.
¡ La physionomie
Photo
n°1 : (RV) la numismatique
d’Antiochos Hiérax : Les rois de Syrie E. Babelon 1890
Connaissant les ateliers monétaires en
Anatolie, il reste à identifier à qui peut ressembler Antiochos Hiérax.
L’exercice n’est pas facile car les
remarques des anciens numismates sont souvent erronées. Par exemple attribuer à
A.H. les monnaies qui ont des ailes sur les tempes, voyant ainsi la concrétisation
du « nickname » d’épervier, ce
qui se révéla faux. Bien que E. Babelon ne souscrive pas à cette vision
« des ailes », il classe un tétra drachme d’Ephèse à A.H. ce qui ne
semble pas possible (n°1), sous le principe de la ressemblance à son frère Séleucos
kallinikos ! Il ne peut s’agir que d’Antiochos THEOS, ou Antiochos III.
Idem pour la pièce n°2, La pièce n°3 de Sigée est intéressante pour la qualité
de la frappe, les traits sont très bien ressortis il s’agit probablement d’A.H. Le n°4 à été frappé à Cyzique ce qui ne
semble pas attribuable à A.H. pour cette cité, la n°5 et 6 non précisé en ce
qui concerne le lieu de frappe. Soit sur 6 monnaies, seul 3 sont attribuables à
A. Hiérax.
Les Séleucides frappent souvent des
portraits idéalisés, reprennent celui du père ou du fondateur. Au-delà de ces aspects, la ressemblance entre
le père, le frère et le cousin est susceptible d’induire en erreur.
Notes :
voir H. Seyrig pour Ephèse « Scripta Numismatica » et Houghton
« Séleucid Coins »
La physionomie dans La numismatique des Lagides
Photos
n°2 : Ptolémée III Evergète
Photo
N°3 Ptolémée III Evergète
Notes :
Photos 2 et 3 : ( RV) Jean
Foy-Vaillant Historia Ptolemaeorum Aegypti
Regum, ad fidem Numismatum accommodata
per F.
Vaillant Amstelaedami , apud G. Gallet, praefectum typographiae
Huguetanorum 1701.
¡ Les confusions possibles
Les
physionomies d’Antiochos Hiérax sur les deux monnaies suivantes sont
singulièrement différentes et ne peuvent guère servir de point de repère.
Le
standard Séleucide du revers avec apollon assis sur l’omphalos est repris par
Antiochos hiérax.
Photo
n°4
Photo n°5
___________________________
Du
coté du frère d’Antiochos Hiérax, Séleucos Kallinicos le thème d’apollon accoudé
sur le trépied se différencie des autres souverains Séleucides.
Les
visages du souverain sur ces deux monnaies ont des points de ressemblance
significatifs avec A.Hiérax.
Photo
n°6
Photo n°7
Notes :
photos n° 4,6,7 : ventes aux enchères, coin galleries avril 2010
Photos
n° 5 : Heidelberger
Münzhandlung Herbert Grün e. K Auction 53
Photo
n°8
Notes :
de gauche à
droite 1ère ligne : Séleucos III (photo (RV) Les rois de Syrie,
Babelon) ; A.Hiérax Gorny & Mosch 180 et photo RV).
Ligne suivante Antiochos III , vente vcoins ancien delights ; Séleucos II idem diapo 18.
Un des signes distinctif D’A.H. aurait pu
être les « favoris », malheureusement d’autres y ont pensés…
Newell nous dit que c’est probablement
sardes et la cité à proximité magnésie du Sipyle qui seules auraient frappées
des monnaies avec le véritable visage de Antiochos Hiérax !
L’air de famille entre les deux frères
A.Hiérax et S.Callinikos est sensible, la ressemblance avec les successeurs
Séleucos III et principalement Antiochos III également. Les monnaies
représentées sur l’ouvrage de Georges Le Rider « Antioche de Syrie sous
Les Séleucides » montre des monnaies d’Antiochos III plus proche encore
des représentations d’Antiochos Hiérax que celles réalisées ici.
Nous allons maintenant en venir au
fait :
La monnaie avec le nouveau
monogramme
Photo
n°9 Photo n° 10
Notes :
Photos n° 9 et 10 (R.V.) Tétradrachme d’Antiochos Hiérax, Sardes vers et revers
Il s’agit d’un Tétradrachme de 16,77gr soit
un étalon attique, mis en place par Alexandre le Grand en remplacement de
l’étalon Thraco-macédonien des monnaies d’argent.
Vers représentation du visage d’Antiochos
Hiérax avec ses favoris, peut être le vrai ! Car la ressemblance avec un
de ses successeurs Antiochos III est troublante pour ne pas être le fruit du hasard.
Ceint d’un diadème représenté par un bandeau simple noué sur l’arrière tel que
les vainqueurs des jeux olympiques. Un tour perlé délimite le tour de la
monnaie, ce dernier point complique un peu l’attribution car, Newell dans son
WSM nous dit explicitement, si la monnaie ne possède pas de tour perlé il est
probable quelle soit de Sardes ! Ce qui malgré tout n’interdit pas les
autres, mais probablement plus rares. On notera également un double coup au
niveau de l’œil et du front, issu de la frappe.
Revers C’est le standard des Séleucides :
Apollon nu assis sur l’omphalos, tenant une flèche de la main droite et l’arc
de la gauche. ANTIOXOY, le fameux monogramme.
Apollon grand protecteur de la dynastie se
justifie car si l’on en croit Justin, il serait le père de Séleucos et lui
donna un anneau orné d’une ancre en plus de cette marque sur la cuisse, porté
également par les descendants. L’omphalos qui est entouré de bandelettes en
laine rappelle le sanctuaire de Daphné créé en l’honneur d’Apollon par Séleucos
I.
Ce type de profil déjà identifié à Sardes par Newell ne possède
pas de monogramme. Lorsque j’ai acquis cette monnaie à la vente de Munich Gorny
et Mosch, l’attribution était bien à Sardes cependant le référencement se
révélait impossible du fait d’un monogramme inédit. En même temps sur l’autre
vente de G&M (180) une autre monnaie d’A.H. est référencée par Houghton et Lorber, et probablement du même coin de « vers » :
Le rapprochement devenait facile, comme
suit …
Photo
n°11: 1ère ligne Tétradrachme A.H. (RV) ; 2ème
ligne : Tétradrachme d’A. H. Sardes vente G&M 180
La superposition des gravures faite avec l’informatique
ne laisse pas de doute sur la proximité du coin utilisé pour ces deux monnaies.
Le même coin de vers. Le revers est d’un coin et d’une marque de monétaire
différents.
Houghton et Lorber précisent que le style, les marques de
contrôle et les conventions des marques de contrôle des monnaies de cette série
sont en rupture totale avec le monnayage de Sardes sous Séleucos II.
Un autre point à également attiré mon
attention, le poids ! Comme vous le savez
l’étalon attique est de 17,20gr pour un tétradrachme, celui de la
vente 180 pèse 17,02 dans un état
f.d.c., le mien 16,77gr pour un état comparable, soit un frai de 2.5% vs étalon ou si l’on compare avec celle de la
vente 180 : 1,5%, proche du poids de monnaies ayant déjà circulés !
L’examen des poids des monnaies de Sardes sur le catalogue de Newell situe
les tétradrachmes autour de 17gr, ceux
qui se situent largement en dessous
portent la trace d’une circulation non négligeable. Cette différence de poids en ce qui concerne notre monnaie laisse soupçonner : soit la frappe
sur un coin ayant un frai remarquable, il n’y a pas cependant de restes
d’une frappe précédente ; soit le résultat peut être lié aux conditions
périlleuses du moment ?
De
mon point de vue, Il s’agit probablement des dernières monnaies d’Antiochos
Hiérax frappées à Sardes avant sa fuite ou pendant sa fuite, la rareté de ces
monnaies trouvées dans les différents trésors semble l’attester. La prise de
Sardes par Attale Ier vers 229/228 à du faire cesser le monnayage d’A. Hiérax…Nous
ne connaissions pas de monnaies pour cette cité et Attale dans cette période.
Il faut attendre Achaeos l’oncle d’Antiochos III pour reprendre les affaires du
royaume de l’Ouest à Sardes vers 220. La
porte reste ouverte pour rechercher si des Tétradrachmes aux coins d’A. Hiérax
n’ont pas été frappés dans ce laps de temps ou après Attale, lors du règne
d’Achaeos qui ce dernier sera exécuté par Antiochos III qui lui reprochait de
prendre trop de pouvoir et d’avoir soutenu Antiochos hiérax ?
La marque, le monogramme sous les
Séleucides ne sont pas toujours à associer à un magistrat*, ce qui impliquerait
une responsabilité politique, mais souvent à des spécialistes, chef d’atelier,
graveurs, techniciens. Il existe certains exemples de monogrammes qui n’ont pas
changés malgré un changement radical de souveraineté, Soli par exemple qui
passe des Lagides au séleucides en 197 cf : GLR &FC. Le monogramme
n’est pas une signature comme cela était
la pratique pendant le 4 siècle av. JC.
Notes : * Laurent Capdetrey,
Le pouvoir Séleucide.
Photo
n°12 : le
nouveau monogramme d’Antiochos Hiérax
(RV)
Ce
monogramme se rajoutera aux 3 autres recensés par Houghton et Lorber à Sardes
« probably »
SELEUCID COINS, Part 1 :
.
N°902 (1) pas de marques de contrôle..
.
N°902 (2) contrôle= une tête de cheval
.
N°902 (3) contrôle= ΛΕ………………………
___________________________________________________________________
Rareté et circulation monétaire
¡ Durée du règne 14/15 ans
¡ Politique monétaire des Séleucides
▪
Circulation
principale des post Alexandre à l’Héraclès avant Antiochos III
▪
Utilisation
des monnaies extérieures (économie ouverte)
▪
Le
manque de numéraire momentané lié aux guerres incessantes
▪
Révolte
des Galates, impôt écrasant sur la
Phrygie
▪
Utilisation
du même atelier par Séleucos et Antiochos à sardes
▪
Les
découvertes de monnaies confirment cette rareté
Ce que l’on peut dire du point de vue de la
rareté de ces monnaies à plusieurs explications :
Le temps de règne de 14/15 ans, entrecoupé
par les guerres incessantes qui interrompent la frappe.
Le manque de numéraire qui à entraîné la
révolte des mercenaires Galates, et d’une façon générale la politique monétaire
des Séleucides qui ont facilité l’entrée des monnaies étrangères et la
circulation très longue des
« Alexandre », ces derniers représentant l’essentiel des
numéraires.
Les études menées par Georges Le Rider et François de Callataÿ sur
les trésors mis à jour dans cette période, montre à de rares exceptions que le
monnayage royal des Séleucides dans les trésors enfouis avant 140 représente à
peu près 30 à 40% des monnaies, 50% sont des « Alexandre », cf. le
trésor de Meydancikkale enfouis entre
240-235.
Sources documentaire :
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Scripta
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L’Empire des Steppes, René Grousset, Payot
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Les successeurs d’Alexandre en Asie
centrale et leur héritage culturel, F.Widemann, Riveneuve 2009
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Abrégé de l’histoire universelle de Trogue
Pompée par Justin 1860
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Histoire, Polybe 2003
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Géographie de Strabon : Coray; De la porte
du Theil; Gossellin; Letronne. an XIII (1805) à 1819
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Gorny & Mosch vente n° 180 et 181 2009
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Pallas, U Toulouse Le Mirail n° 62 - L’Orient méditerranéen 2003